À la fin du premier semestre 2023, l’encours total du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) culminait à 544 milliards d'euros. C’est un fait : les Français adorent épargner. Et investir ? Ce n’est pas aussi simple… En 2022, seulement 5,2 millions de PEA étaient actifs, contre 55 millions de Livrets A. Et selon la Banque de France, 69% des Français jugent leurs connaissances moyennes ou faibles sur les questions financières.*
Mais d’où viennent ces peurs qui nous freinent pour investir ? Quels sont les biais cognitifs qui influencent nos décisions ? Pour mieux comprendre, il est nécessaire de faire un détour par la finance comportementale. Suivez le guide.
Pour commencer : qu’est-ce que la finance comportementale ?
La finance comportementale désigne l’étude des comportements individuels sur le fonctionnement des marchés financiers. C’est, tout simplement, l'application de la psychologie humaine à la finance.
Cette théorie a été reconnue officiellement en 2002 avec la remise du prix Nobel d'économie à ses 2 fondateurs, Vernon Smith et Daniel Kahneman. Elle s’oppose aux théories classiques selon lesquelles les investisseurs agissent de manière rationnelle et efficiente. Eh oui : malgré une croyance tenace, nos comportements en matière de finances n’ont rien de cohérent !
La finance comportementale nous permet de comprendre les évolutions et la dynamique des marchés. Et ce n’est pas tout : par l’analyse de nos biais cognitifs, elle nous permet également de prendre de meilleures décisions d’investissement.
Pourquoi a-t-on peur d’investir ?
Manque d’éducation financière, peur de perdre sa mise, aversion au risque, méconnaissance du jargon financier… Les raisons pour ne pas investir sont nombreuses, et compréhensibles. Pour autant, aucune d’entre elles n’est objectivement valable.
Car épargner (c’est-à-dire mettre de l’argent de côté sur un compte à capital garanti, comme le Livret A) fait, à long terme, perdre de l’argent. Avec l’inflation, votre argent perd en effet peu à peu de sa valeur. Cela ne signifie pas qu’investir (c’est-à-dire placer son argent dans une perspective long terme, en acceptant le risque de perdre tout ou partie de son capital) est plus sûr : les risques de pertes en capital sont indissociables de l’investissement.
Mais, sur le long terme, l’investissement est la stratégie la plus rentable. Ainsi, depuis 1926, la probabilité de perdre de l'argent en misant sur l’indice boursier S&P500 sur un horizon de 20 ans est de… 0%. À garder en tête : les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Quels sont les biais cognitifs les plus fréquents en matière d’investissement ?
Les biais cognitifs sont des schémas de pensée systématiques qui permettent de prendre des décisions rapides, et potentiellement erronées. En effet, il en résulte souvent une distorsion dans le traitement de l’information. Les biais cognitifs ont une influence directe sur les décisions d’investissement au niveau individuel, et sur les variations des marchés boursiers au niveau macroéconomique. Voici les plus fréquents :
Le biais de confirmation : ce biais consiste à choisir uniquement les informations qui renforcent nos croyances et à ignorer les autres. Par exemple, le biais de confirmation peut amener un investisseur à retirer son argent, dès que les marchés sont en baisse, alors que toutes les études montrent que c’est le pire comportement à adopter dans une telle situation.
Le biais affectif : il consiste à privilégier les actifs qui disposent d’une image positive (luxe, technologie…).
Le biais d’ancrage : ce biais consiste à se fier uniquement à sa première impression, ce qui pousse à ignorer toute nouvelle information.
Le biais de conformité : il s’agit de reproduire des comportements collectifs (retirer son argent quand les marchés baissent, investir dans un actif “à la mode”...), même quand cela n’est pas rationnel.
L’aversion à la perte : ce terme désigne le fait qu’un individu accorde plus d’importance à une perte qu’à un gain du même montant. Par exemple, l’impact psychologique d’une perte financière de 500 euros est généralement plus fort que celui d’un gain identique. L’aversion à la perte incite à minimiser toute prise de risque, et ainsi à favoriser des placements garantis mais peu rentables.
Comment dépasser sa peur d’investir ?
1. Comprendre comment fonctionnent les marchés
Il est important de comprendre que l'économie fonctionne par cycles. Cela signifie qu’aux périodes de croissance succèdent des périodes de déclin, et ainsi de suite. Un exemple : après la crise financière de 2008, on a assisté dans les années qui ont suivi à un rebond assez rapide. La même chose s’est produite après la crise du Covid-19.
Les marchés boursiers sont volatils, c’est-à-dire qu’ils sont traversés par des fluctuations permanentes. Une baisse (ou une hausse !) n’est jamais que temporaire. Il faut donc envisager l’investissement sur le long terme, c’est-à-dire entre 10 et 30 ans. A titre d’exemple, depuis 25 ans, l’indice boursier américain S&P 500 a gagné en moyenne 6,8 % par an ! Ayez toutefois en tête que les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
Le plus important est de faire le premier pas, peu importe la somme. Car, en investissant sur le long terme, les intérêts récoltés génèrent à leur tour des intérêts qui augmentent le capital : ce sont les intérêts composés. Ce mécanisme, aussi appelé effet boule de neige, est particulièrement intéressant pour ceux qui commencent à investir tôt.
Prenons un exemple : en investissant 100 euros par mois pendant 20 ans (avec un rendement moyen de 5% par an), on obtient 40 580 euros grâce aux intérêts composés. En revanche, si cet argent reste sur un compte garanti rémunéré à 2% par an, on obtient “seulement” 29 423 euros… Gardez toujours en tête qu’investir comporte des risques, notamment de perte en capital.
D’un point de vue psychologique, investir n’est pas très sécurisant, car les risques de pertes existent. Il est donc important, avant toute chose, de se constituer une épargne de précaution pour parer aux imprévus : déménagement, remplacement d’un appareil électroménager ou d’une voiture, perte d’emploi… Cette épargne doit être immédiatement accessible et pouvoir couvrir entre 3 et 6 mois de dépenses, selon les situations.
Une fois cette épargne de précaution constituée, on est libre d’investir les montants que l’on souhaite ! Attention, l’argent placé sur des supports non garantis doit s’inscrire dans une stratégie long terme, c’est-à-dire qu’on ne doit pas en avoir besoin dans les années à venir. Autrement dit, on le laisse travailler… et on arrête d’y penser.
La méthode DCA (pour Dollar Cost Averaging) consiste à investir de manière régulière la même somme, sur le même support. Par exemple, vous pouvez mettre en place des versements programmés pour investir régulièrement dans des parts de SCPI sur moniwan.fr, en appliquant la méthode DCA.
L’avantage : cet investissement à intervalles réguliers permet d'obtenir un prix d’achat moyen moins élevé, et donc de se prémunir contre la volatilité des marchés. Comme tout investissement, il ne doit cependant être envisagé que sur le moyen à long terme.
*source : http://cercledelepargne.com/resultats-du-livret-a-du-premier-semestre-2023-une-pluie-de-records